Comment mieux prendre en compte le handicap dans le secteur de la formation professionnelle, en harmonie avec le référentiel Qualiopi ?

formation professionnelle et handicap dans le cadre de Qualiopi

Auteures : Sandrine Baslé et Esther Gagneux, publié le 01 août 2020

Qualiview conseil, avec le soutien de Valentine Lesser et du CFA Stephenson, a réalisé 19 entretiens au mois de juillet 2020, à la fois avec des personnes en situation de handicap (9 entretiens) et des professionnels de la formation et du handicap (10 entretiens).

L’objectif est, notamment pour les référents handicap, de mieux comprendre comment le handicap doit être pris en compte.

L’objectif est aussi de formuler des recommandations à l’attention des référents handicap dans le cadre de Qualiopi. Sur la base de ce travail, nous avons construit une offre d’accompagnement : Nous avons aussi une offre d’accompagnement : “handicap et Qualiopi”.

Le sujet est extrêmement vaste car il existe de très nombreux types de handicaps différents. De plus, contrairement aux croyances, les handicaps sont le plus souvent non visibles : selon l’AGEFIPH, près de 80% des handicaps ne sont pas immédiatement visibles. L’INSEE estime que seulement 2 à 3 % de la population utilise un fauteuil roulant.

Le nouveau référentiel Qualiopi, est devenu obligatoire depuis le 1er janvier 2022 pour tout organisme de formation souhaitant recevoir des fonds publics. Qualiopi se réfère au handicap de manière spécifique, notamment aux indicateurs :

  • 1 (communication),
  • 20 (nomination d’un référent handicap)
  • et 26 (missions du référent handicap)

mais aussi de manière transversale (indicateurs 6, 9, 10, 12, 17, 18 et 19 ) avec la notion d’adaptation de la prestation en public bénéficiaire (cf. notre article qui détaille : Handicap, quels indicateurs Qualiopi en parlent ?).

Le message de cette approche transversale est inclusif : travailler sur la question du handicap, c’est aussi anticiper la manière donc l’organisme de formation va pouvoir accueillir et prendre en compte « les  différences », au-delà du handicap, cette démarche assure une qualité de formation qui sera profitable à tous.

L’indicateur 1 indique que « Le prestataire diffuse une information accessible au public, détaillée et vérifiable sur les prestations proposées : prérequis, objectifs, durée, modalités et délais d’accès, tarifs, contacts, méthodes mobilisées et modalités d’évaluation, accessibilité aux personnes handicapées. »

L’indicateur 20 impose que « Le prestataire dispose d’un personnel dédié à l’appui à la mobilité nationale et internationale, d’un référent handicap Qualiopi et d’un conseil de perfectionnement. »

Enfin, l’indicateur 26 précise que « Le prestataire mobilise les expertises, outils et réseaux nécessaires pour accueillir, accompagner/former ou orienter les publics en situation de handicap. »

Grâce à la confrontation des expériences des organismes de formation et des personnes en situation de handicap, Qualiview conseil propose ici des pistes pour agir de la meilleure des manières dans la prise en compte du handicap.

Prise en compte du handicap rime avec adaptation des formations, ce qui est quelque chose de naturel pour de nombreux organismes de formation.

Il s’agit de prendre en compte l’humain et son droit à se former. Cela permet des avantages en termes d’ouverture, de tolérance et d’image.

C’est pour cette raison que certains organismes de formation n’ont pas attendu des obligations légales pour avancer en termes de prise en compte du handicap. Certains ont également nommé un référent handicap, alors même que cette obligation concerne, légalement, uniquement sur les CFA.

Le référent handicap au sein d’un organisme de formation a comme premier objectif de s’informer et de sensibiliser les équipes.

Les mesures de compensation mises en place sont multiples. Elles peuvent être très différentes selon le type de handicap et la personne.

Il s’agit parfois :

  • d’adapter le rythme,
  • de mettre en place un séquençage différent, une organisation différente du temps de formation,
  • d’adaptations techniques,
  • de mise à disposition de matériel,
  • etc.

Pour savoir quelles mesures mettre en place, la première chose à faire est de demander à la personne en situation de handicap quels sont ses besoins et de l’écouter. C’est elle qui saura le mieux ce qui lui permettra de suivre une formation dans de bonnes conditions. Ceci d’autant plus que, même dans le cas d’un même handicap, des personnes peuvent avoir des besoins différents.

La prise en compte du handicap est donc à voir au cas par cas de manière individualisée, et le plus tôt possible, en amont de la formation.

Enfin, la personne en situation de handicap doit être suivie dans le temps, par des bilans réguliers et une personne de référence à qui exposer ses questions ou problématiques.

Si un organisme de formation se trouve dans l’impossibilité d’accueillir une personne en situation de handicap, il a l’obligation, selon l’indicateur 26 de Qualiopi, de l’orienter vers un autre organisme.

Des investissements et des aménagements physiques sont parfois nécessaires et constituent un atout à la fois pour l’organisme de formation et pour les personnes en situation de handicap.

La loi oblige les organismes de formation (considérés comme des ERP, Etablissement Recevant du Public) à des aménagements physiques en termes d’accessibilité (loi de 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées).

Cette prise en compte des handicaps physiques est en cours pour plusieurs organismes de formation, un enjeu pour d’autres.

Plusieurs personnes interrogées ont préconisé, pour mieux comprendre les enjeux physiques et psychologiques, de faire l’expérience concrète de se mettre de à la place des personnes en situation de handicap.

D’autres organismes expliquent ne pas réussir financièrement à rendre accessible leur formation aux personnes en fauteuil roulant notamment.

A l’avenir, il faudra que les organismes de formation s’informent sur les aides existantes et investissent. Cela ne bénéficiera pas uniquement à une personne mais à l’ensemble de l’organisme de formation. Ce qui paraît insurmontable ne l’est pas toujours. Demander aux personnes concernées permettra d’identifier clairement les besoins et donc les investissements éventuels.

La part psychologique est essentielle

Le travail sur les mentalités est incontournable pour mieux prendre en compte le handicap dans le secteur de la formation professionnelle :

  • faire face aux clichés,
  • informer,
  • prendre en compte les besoins
  • et être à l’écoute des personnes en situation de handicap,

Ce sont autant d’actions qui permettent de mieux comprendre comment accueillir ces personnes.

La partie psychologique et humaine constitue encore une grande partie du travail des organismes de formation pour le futur. Toutefois, il existe aussi un fort enjeu sur l’accessibilité physique des organismes de formation à l’avenir.

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