Auteures : Esther Gagneux, Lucie Blaix
La table ronde organisée par Le Monde à l’Opéra Bastille le 27 septembre 2015 avait pour thème « Objets connectés, enfer ou paradis ? »
On entre dans l’ère de la connexion permanente : comment apprivoiser ces fameux objets et services connectés qui vont envahir notre quotidien et le transformer ?
Un potentiel fort des objets connectés
Dans le domaine de la santé, les objets connectés ont un potentiel énorme, comme explique Carole Zisa-Garat, qui a créé l’entreprise Telegrafik qui propose des services connectés intergénérationnels, pour le maintien à domicile des personnes fragilisées :
« On transforme des données issues de capteurs dans des logements via notre plateforme logiciel d’intelligence artificielle en service d’alerte qui permet à des personnes à leur domicile de faire l’objet d’une vigilance bienveillante. »
On peut savoir par exemple si une personne a bien pris ses médicaments, en plaçant un capteur sur le pilulier.
La difficulté réside dans le traitement des données et la réaction en cas de problèmes : la chaîne de services et l’écosystème qui suivent doivent communiquer parfaitement.
Pour un bon fonctionnement de ces objets connectés, dans tous les secteurs, il y a donc des écosystèmes à construire : les données devront être échangées entre les villes, entre les citoyens, entre les professionnels, etc.
Les freins psychologiques aux objets connectés
L’enjeu des objets connectés que souligne Axelle Lemaire, Secrétaire d’État au numérique, est qu’ils ne « soient pas réservés au monde de la tech. On sent bien que son essor dépendra de l’appropriation par le plus grand monde, or aujourd’hui il y a encore des freins dans les comportements d’achat et d’usages. »
Ces freins à l’utilisation des objets connectés sont encore très présents, ce qui pose un véritable défi pour cette économie en essor.
La peur liée à l’utilisation de nos données est prégnante. Pierre Louette, Secrétaire général chez Orange, l’explique : « On a le droit de se poser des questions d’enjeux sur cette interconnexion. On sait très bien qu’il y a beaucoup de mauvais usages possibles. » C’est pour cette raison qu’existe chez Orange le « droit à l’oubli » : « On conserve les données des gens qui changent d’opérateur seulement quelques semaines, on ne va pas les garder. En tant qu’entreprise, je pense qu’il faut effacer régulièrement, recommencer sur une page blanche sa vie de producteur de données. »
Un enjeu : expliquer le potentiel des objets connectés au grand public
Séverine Dumont, COO de Joshfire, agence spécialisée en objets connectés et expériences interactives sur mesure, rappelle que « Le marché des objets connectés est vraiment émergent. Il y a 5 ans, le grand public ne connaissait pas le terme « objets connectés » ; aujourd’hui 90% des gens connaissent le terme, mais la moitié ne sait pas à quoi ça va leur servir. »
Les objets connectés font peur aux gens. Face à cette peur, Séverine Dumont préfère parler d’ « objets intelligents » car ils doivent être au service de l’humain.
L’enjeu est donc d’expliquer ce qu’apportent les objets connectés.
La nécessité de plateformes communes
Carole Zisa-Garat exprime le besoin de « pouvoir s’appuyer sur des plateformes avec des protocoles unifiés, qui fassent qu’on n’ait pas à redévelopper forcément une interface avec chaque plateforme puisque chaque commune commence à créer sa propre plateforme. »
Les objets connectés doivent pouvoir communiquer entre eux par le biais de ces plateformes communes.
C’est donc ici un gros enjeu technique qu’il s’agit d’aborder, en « gagnant la bataille des normes techniques » expliquée par la Secrétaire d’État au numérique.
Les acteurs des objets connectés doivent donc rassurer le public sur ses réticences, mais aussi créer un arsenal permettant une communication entre les différents objets, et une véritable protection des données.
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