Auteure : Esther Gagneux et Sandrine Baslé
Le vendredi 14 mars 2014 avait lieu une conférence sur l’iconomie, ce nouveau modèle de compréhension de l’économie qui permet de tirer pleinement parti du système technique fondé sur l’informatique, l’Internet et l’intelligence partagée.
À cette occasion, Aurélien Duthoit, directeur des synthèses au sein du cabinet Prescepta (groupe Xerfi), expliquait l’impact de la transition iconomique dans le secteur de l’optimisation énergétique.
Une informatisation de tout le système productif
La prochaine révolution industrielle est, selon Aurélien Duthoit, celle de la transition iconomique. En effet, c’est tout le système productif qui s’informatise, et pas uniquement la production d’énergie.
La transition énergétique ne se limite pas aux seules énergies renouvelables puisque l’optimisation se fait aussi à travers les sources d’énergie existantes. L’énergie la moins chère est d’abord celle que l’on ne consomme pas : l’optimisation est le meilleur levier pour apporter des résultats crédibles et mesurables à court terme.
La transition iconomique s’applique à la production, la transmission, la distribution et la consommation d’énergie.
Les frontières entre matériel, logiciel et services s’estompent : les acteurs sur le marché sont dorénavant capables de coordonner tous ces aspects.
Aurélien Duthoit parle d’une « petite révolution, sur le marché énergétique, qui a longtemps souffert de relations parfois conflictuelles entre énergéticiens, gestionnaires de réseaux, fabriquants de matériel électrique et groupes de BTP ».
Des gains d’énergie grâce à la transition iconomique
L’hybridation des technologies énergétiques et informatiques permet de réaliser des gains d’énergie considérables.
Le bâtiment concentre à lui seul 40% de la consommation d’énergie finale en France. La France s’est fixé comme objectif d’en réduire la consommation de l’ordre de 38% à l’horizon 2020. La priorité, pour Aurélien Duthoit, c’est l’optimisation du bâtiment existant.
L’irruption de l’iconomie sur les marchés de l’optimisation énergétique est devenue évidente. On le voit à travers plusieurs initiatives, qui incarnent la transition iconomique appliquée au marché de l’optimisation énergétique. Par exemple, IssyGrid est un projet expérimental destiné à tester l’optimisation des consommations et des productions d’énergies renouvelables de deux quartiers au travers d’un réseau intelligent de distribution d’électricité. Il est mené à Issy-les-Moulineaux par Alstom, Bouygues, ERDF, Microsoft, Schneider Electric et Total.
Le big data et la consommation d’énergie
Une autre conséquence de la transition iconomique est la suivante : la machine devient capable d’apprendre et apporte ainsi une valeur ajoutée encore supérieure en secondant l’utilisateur.
L’iconomie fait entrer de plein pied la consommation d’énergie dans le domaine du big data.
Grâce aux appareils intelligents, on est capable d’obtenir une information fiable, en temps réel et traçable de la consommation d’énergie à un niveau individuel et collectif. Cela permet de trouver sans difficulté les sources de gaspillage et les économies potentielles.
À un niveau plus global, cela permet d’étudier le comportement de millions de clients et d’affiner la gestion du réseau électrique.
Ces informations s’intègrent dans le réseau électrique intelligent, les smartgrids.
L’iconomie redéfinit la promesse de valeur
La promesse de valeurs consiste à faire réaliser au client des économies d’énergie avec un retour sur investissement prévu à un horizon de 5 à 7 ans.
L’iconomie redéfinit la promesse de valeurs des opérateurs et les pousse à renouveler en profondeur leur modèle d’affaires.
Aurélien Duthoit estime que « cette promesse comportait jusqu’alors de nombreuses failles : la mesure de la performance est imprécise, l’incitation à l’optimisation est faible, et les opérateurs eux-mêmes hésitent à s’engager contractuellement sur des résultats. »
La transition iconomique va donc rendre cette promesse de valeur plus fiable, plus lisible, notamment grâce aux objets connectés et au big data.
Cela se fait grâce aux contrats de performance énergétique notamment, qui garantissent au client un objectif de réduction d’énergie et permettent de partager les bénéfices générés par ces économies d’énergie entre opérateur et client. Aurélien Duthoit rappelle que « ce modèle n’a rien de neuf mais il est rendu beaucoup plus pertinent et beaucoup plus efficace par la transition iconomique. »
Des opérateurs comme Dalkia, Cofely Services, Bouygues ont déjà signé de tels contrats.
Un autre modèle consiste pour le fournisseur de solutions d’efficacité énergétique à financer tout ou partie de l’installation de son client et d’être remboursé au fur et à mesure grâce aux économies d’énergie qui sont réalisées. Ce modèle est particulièrement incitatif pour le client car il abaisse le seuil d’investissement initial.
La transition iconomique bouleverse donc en profondeur les équilibres à l’œuvre sur les marchés de l’efficacité énergétique. Elle pousse les opérateurs à aller chercher ailleurs les compétences qui leur font défaut, dans une logique de compétition.
Toute l’offre est transformée en profondeur, et le client devient un agent actif au service d’un objectif global.